Cette conviction profonde et cette foi en la capacité de l’Afrique à
prendre en main son destin qui animent la vision clairvoyante de Sa
Majesté le Roi Mohammed VI pour le continent, a-t-il souligné, ajoutant
que "le Souverain n’a eu de cesse de réitérer l’importance d’une
coopération Sud-Sud renforcée et plurielle pour faire face aux défis du
développement et de l’émergence qui nous confrontent, et l’engagement du
Maroc pour la réussite de la Conférence d’aujourd’hui en est un exemple
de plus".
M. Benchaâboun a, en outre, relevé que "l’accentuation des défis
auxquels notre monde fait face aujourd’hui met à rude épreuve la cadence
des grandes réformes menées, aussi bien en matière d’instauration de la
paix, de relance économique, de stabilité macro-financière, de
facilitation des échanges commerciaux et de lutte contre les différentes
formes de pratiques illicites".
La pression s’intensifie, notamment sur les pays en développement et les
pays les moins avancés, alors qu’il reste qu'une seule décennie de
l’échéance 2030 pour la réalisation des Objectifs de Développement
Durable (ODD), a-t-il noté, estimant que cette situation, marquée par
les mutations rapides et profondes qui agitent le paysage économique et
géostratégique mondial et qui reconfigurent les courants d’échange,
impose une révision fondamentale des modèles de développement.
Elle interpelle plus que jamais les décideurs au sein des institutions
internationales de développement, ainsi que les décideurs nationaux pour
apporter des réponses plus ambitieuses, novatrices et socialement
responsables, a fait remarquer M. Benchaâboun.
M. le ministre a également souligné que les pays africains sont
davantage appelés à impulser une nouvelle dynamique de croissance à
travers une approche concertée et multi-acteurs, tout en veillant à
optimiser le bien-être collectif et la réduction des inégalités sociales
et spatiales.
Pour ce faire, a-t-il expliqué, les préalables nécessaires au niveau
économique se résument principalement à trois niveaux, le premier
consiste à assurer un cadre macroéconomique sain et résilient, le
deuxième concerne la promotion de l'initiative privée, notamment à
travers une bonne gouvernance publique et des stratégies
multisectorielles adéquates et inclusives, et le troisième a trait au
repositionnement dans l’environnement régional et international selon
une approche Gagnant-Gagnant, reposant sur la pleine exploitation des
avantages compétitifs.
Dans ce sens, M. Benchaâboun a indiqué que les gouvernements africains
"sont appelés, aujourd'hui plus que jamais, à mettre en place des
politiques publiques ambitieuses et à se doter des moyens financiers,
humains et techniques pour les mettre en œuvre".
Et d'ajouter qu'une plus grande mobilisation des ressources intérieures
pour financer les stratégies nationales de développement et les
infrastructures n’est plus un choix mais une nécessité pour nos pays.
"Ces ressources, qui proviennent principalement des fruits de la
croissance économique, reposent pour l’essentiel sur les performances de
la politique budgétaire à travers la capacité, d’une part, de renforcer
les recettes publiques, notamment les recettes fiscales, et d’autre
part de rationaliser et de mieux cibler les dépenses publiques afin de
dégager des marges de manœuvre plus élargies pour les engagements futurs
au titre des stratégies de développement", a relevé M. Benchaâboun,
notant qu'il est question de taxer plus équitablement et de dépenser
mieux.
Ainsi, il devient crucial de disposer de leviers durables de
renforcement de l’efficacité, de la transparence et de la bonne
gouvernance en matière de politique budgétaire, notamment à travers le
recours à l’innovation technologique et la numérisation, a-t-il
préconisé, faisant remarquer que "les nouvelles technologies numériques
offrent aujourd’hui l’avantage de mettre à notre disposition des
plateformes puissantes pour faciliter et accélérer les processus
décisionnels et opérationnels, tout en fluidifiant l’accès, les échanges
et le traitement des données".
M. Benchaâboun a, parallèlement, indiqué que la puissance de l’outil
numérique offre aussi une réponse efficace à de nombreuses lacunes dont
continuent à pâtir nos systèmes budgétaires et financiers, allant de la
fraude et l’érosion fiscales à la lourdeur et la complexité des
procédures administratives, notant qu'"incontestablement, notre
continent Africain a franchi des étapes importantes en matière
d’intégration sociale de l’outil numérique, comme en témoigne
l’accroissement exponentiel de l’accès des populations aux technologies
mobiles et à l’Internet".
Il a, aussi, souligné que le secteur privé africain a le plus à gagner
de cette révolution numérique, faisant observer que le contexte actuel
en Afrique est davantage favorable à l’adoption et à l’appropriation des
technologies numériques et de l’intelligence artificielle, avec une
population majoritairement jeune et fortement connectée et un
accroissement remarquable des transactions en ligne, offrant ainsi un
énorme potentiel pour l’émergence d’un écosystème favorable à
l’innovation et à l’entrepreneuriat.
De même, s’agissant du développement du commerce, le déploiement de
solutions numériques adaptées sur le continent devrait permettre une
montée en gamme dans les chaînes de valeurs régionales et mondiales et
de renforcer la compétitivité des entreprises africaines, tout en
réduisant la vulnérabilité de nos économies face aux chocs des prix de
l’énergie et des produits de base qui prédominent les exportations du
continent, a-t-il ajouté.
La COM2019, qui se tient du 20 au 26 mars sous le thème "la politique
budgétaire, le commerce et le secteur privé à l'ère du numérique : Une
stratégie pour l'Afrique", met l'accent sur les apports du numérique,
aussi bien au développement des échanges économiques en Afrique que sur
le plan du renforcement des politiques budgétaires nationales et ainsi
que sur l'amélioration de la collecte des recettes fiscales.